- MÉCÉNAT
- MÉCÉNATLe terme de mécénat vient du nom de Gaius Maecenas, qui fut conseiller d’Auguste et protecteur des belles-lettres; sa signification s’est élargie, à l’époque moderne, jusqu’à désigner toute forme de protection des arts et des activités relevant du talent. Est mécène quiconque, sans exercer lui-même d’activité artistique, contribue à promouvoir la pratique de l’artiste. Derrière toute œuvre, ou presque, se manifeste la présence de quelqu’un qui commande et achète, et qui en estime la valeur, au point qu’il est permis de voir dans l’art, aux époques de culture les plus évoluées, le résultat de la rencontre entre le mécène et l’artiste, le premier ne pouvant rien sans le second, et le second ayant besoin du premier pour donner corps à ses intentions artistiques. Le mécène, acheteur et collectionneur, exerce toujours un choix, une action critique implicite, et il s’érige ainsi en arbitre du goût, dont les idées influencent de façon décisive les caractères mêmes de la production artistique. Son action est déterminante, même si lui fait défaut le sens de l’autonomie esthétique.1. Les premières collectionsLes plus anciens mécènes connus furent les souverains et les prêtres, qui se servirent de l’art pour créer les symboles du pouvoir et du culte. En Égypte, les pharaons menèrent une politique de construction et de création artistique qui s’inscrivait dans une vision rigoureuse du pouvoir. En Grèce, les tyrans éclairés (Polycrate de Samos, Hiéron de Syracuse, Périclès) favorisèrent non pas tant les artistes, considérés comme des artisans anonymes, que l’art lui-même, perçu comme le moyen d’exprimer les signes de leur souveraineté et de leur grandeur. Les premières collections d’objets précieux se constituèrent dans les temples, dans les sanctuaires (on appelait « trésors » les ex-voto accumulés dans les sanctuaires grecs d’Éphèse, de Delphes, d’Olympie), dans les tombeaux et les palais des souverains. De véritables collections durent être rassemblées à Athènes au Lycée, à l’Odéon, à l’Aréopage et au Parthénon.Pendant la période hellénistique, l’art profane et le goût des antiquités se développèrent d’un même mouvement. Alexandre le Grand fut un des plus grands mécènes de l’Antiquité. Et ce fut un mécénat particulièrement mémorable que celui de Ptolémée, qui créa à Alexandrie la Bibliothèque et le Mouseion, sorte d’université où les érudits venaient étudier aux frais du souverain.Pour la valeur symbolique qu’elles représentent, les œuvres d’art s’offrent, de façon privilégiée, comme objets de butin, trophées de victoire. Au IIIe siècle avant J.-C., les chefs de guerre romains rapportaient à Rome les œuvres d’art enlevées à l’ennemi comme prises de guerre. Marcellus, Sylla, Lucullus rassemblèrent de semblables trophées dans les lieux publics et dans leurs propres demeures, et ce fut bientôt la mode, parmi les riches, de se constituer une bibliothèque, une pinacothèque (terme utilisé chez Vitruve), une collection de statues et de bronzes. Le goût des Romains pour les collections est soumis aux critères du plaisir, du snobisme et de la thésaurisation; le mécénat proprement dit concerne plutôt les poètes et les écrivains que les artistes, toujours tenus pour des artisans. C’est donc à Rome que se forme le système caractéristique du marché artistique: ventes aux enchères, fabrication de faux, sens historique et critique, et valeurs arbitraires telles que la patine ou la série complète. L’engouement fut tel qu’il suscita une polémique célèbre contre l’art, corrupteur de l’antique virtus romaine. Velleius Paterculus n’hésite pas à affirmer que Rome aurait gagné plus d’honneur à ignorer les arts qu’à les connaître. Mais d’autres, tels que Marcus Agrippa, soutinrent le principe de l’intérêt public des musées. Le mécénat des empereurs – depuis Auguste jusqu’à Néron, Adrien, Constantin – les pousse à entreprendre de grandioses travaux édilitaires.2. Mécénat religieux et laïcAvec le christianisme apparaît le premier grand phénomène d’iconoclastie, c’est-à-dire une profonde aversion à l’égard de l’art païen, considéré comme criminel, et qui devait aboutir, au cours des siècles, à une grave dégradation du patrimoine artistique de l’Antiquité. Le nouvel art chrétien, après une période dominée par le symbolisme, adoptera la visée didactique et narrative qui avait caractérisé le Bas-Empire, et construira avec le langage des images une biblia pauperum .Tandis qu’avec l’art profane déclinent et disparaissent mécénat privé et goût des collections individuelles, églises et monastères deviennent des foyers de rassemblement des œuvres d’art. Donations et ex-voto s’amassent en riches trésors. Les religieux eux-mêmes produisent des manuscrits ornés de miniatures et des objets précieux qui enrichissent les collections. La campagne iconoclaste menée par Léon III l’Isaurien vise à enlever aux moines un pouvoir qu’ils tiennent du culte des images sacrées. Mais les trésors de Saint-Pierre, de Saint-Marc ou de Saint-Denis n’ont pas seulement une valeur religieuse, ils ont aussi une valeur vénale concrète qui fait d’eux, à l’époque des croisades, de véritables banques de gages. Outre les collections d’objets précieux, les monastères s’adonnent aussi aux collections scientifiques, dont le modèle est la Wunderkammer , collection de spécimens du monde animal, du monde végétal, du monde minéral, effectuée dans la perspective du musée comme microcosme réfléchissant, à travers des exemplaires adéquatement classés, le macrocosme.Les moines furent aussi des bâtisseurs, tels les bénédictins au XIe siècle et les cisterciens au XIIe. Parmi les prêtres dont le mécénat marqua l’époque, on peut citer l’abbé Didier du Mont-Cassin, qui fit venir des artistes de Constantinople pour exécuter la décoration de son abbaye et qui importa d’Orient des manuscrits miniaturés. Encore plus remarquable fut l’abbé Suger de Saint-Denis, qui a laissé le récit de ses faits et gestes et qui fut, autant que par la foi, animé par une vive passion du beau et par l’ambition de s’assurer une gloire éternelle.Les empereurs pratiquèrent un mécénat tout entier imprégné de l’idée impériale; ainsi en fut-il pour Théodoric, qui poussa à la restauration de nombreux monuments dans Rome; plus tard, pour Charlemagne qui, en créant les ateliers d’art du Palais, provoqua un véritable essor artistique; pour Frédéric II de Souabe qui, en constituant une collection de sculptures antiques, suscita une renaissance de la sculpture et même du portrait exécuté selon les canons romains.À considérer la société qui, aux XIIIe et XIVe siècles, s’intéresse à l’art, on voit qu’il est possible de distinguer trois couches: une sphère religieuse et cléricale, une sphère de courtisans et de chevaliers, et une sphère bourgeoise. Le développement du commerce et le phénomène urbain favorisent l’apparition d’un important mécénat laïc: les ordres de chevalerie, les corporations, les familles de la nouvelle bourgeoisie constituent les principaux commanditaires de la période gothique, qui voit surgir oratoires, chapelles, tombeaux, fresques votives. Les ordres religieux récemment fondés des franciscains et des dominicains, les gouvernements démocratiques des nouvelles républiques sont les promoteurs des principaux monuments religieux et civils qui façonnent la physionomie de la cité. Parmi ceux qui passent commande à Giotto, on trouve des banquiers comme les Peruzzi ou les Bardi. Les édifices civils eux-mêmes, les habitations, les châteaux et les palais sont maintenant décorés et ornés avec un luxe nouveau, et un climat nouveau d’autonomie esthétique se laisse déjà percevoir dans des collections comme celles du duc de Bourgogne et du duc de Berry.3. Le mécénat des princesSommairement parlant, la passion des humanistes pour les collections se traduit, entre les XIVe et XVe siècles, d’abord par une période dominée par l’histoire et l’érudition, puis, particulièrement dans la seconde moitié du XVe siècle, par une période imprégnée d’esthétique et d’hédonisme. Les Rucellai, les Strozzi, les Quaratesi, les Médicis sont les plus riches mécènes de la Florence du Quattrocento. Cosme de Médicis est déjà un connaisseur, un ami des artistes, même si son mécénat se ressent encore des traditions communales. Laurent, lui, personnifie vraiment l’époque des seigneuries; il est, exemplairement, le mécène arbitre du goût. Tandis que la collection des antiquités se développe maintenant dans un style nouveau, la pratique qui domine est celle de la commande passée à des artistes qui travaillent sous contrat et sont payés au forfait ou sous forme de salaires; et il est tenu compte de la quantité de travail demandée, du nombre des collaborateurs et du coût des matériaux.Le caractère encyclopédique des activités du prince se reflète dans les palais des nombreuses seigneuries italiennes: des Gonzague à Mantoue, des Montefeltro à Urbino, des Este à Ferrare, des Visconti à Milan. Rassemblant autour d’eux des artistes différents, les mécènes créent, dans chaque cour, un climat culturel original. À Rome, les cardinaux et les grandes familles fondent des académies littéraires et assemblent d’importantes collections dans les musées-jardins et dans les palais. Le Courtisan de Balthazar de Castiglione illustre bien ce qu’est maintenant le devoir du souverain: connaître l’art antique et promouvoir l’art moderne, et s’intéresser à tous les aspects possibles de l’activité intellectuelle. Certains mécènes continuent encore de tenir l’artiste pour un simple exécutant mécanique, véhicule de leurs propres idées. Mais aux environs de 1500, avec Léonard, Raphaël et Michel Ange, les artistes réussissent à affirmer la valeur spécifique de leur activité comme art libéral. Ce n’est plus le travail mécanique que le mécène cherche maintenant à rétribuer, mais le génie irremplaçable de l’artiste. Et ce dernier finit par occuper une position supérieure à celle du mécène lui-même, et à la défendre en s’affirmant comme seul véritable sujet de l’expérience artistique.Le modèle italien et romain exerce une action stimulatrice sur le mécénat des empereurs et des rois: François Ier, Maximilien et Charles Quint, qui délèguent dans la Péninsule leurs agents et leurs spécialistes d’antiquités, et invitent à leur cour les artistes italiens. Du vivant même de Michel-Ange, on considérait que son génie avait quelque chose de divin, et Charles Quint se baissa pour ramasser le pinceau de Titien!Vers le milieu du XVIe siècle apparaît, avec Giorgio Vasari, une des figures dominantes de l’histoire du mécénat. C’est lui qui fonde la première académie de dessin à Florence et qui constitue la première collection de dessins; c’est à lui que l’on doit la construction des Offices, le premier bâtiment destiné à abriter une galerie d’art. Tandis que s’impose la nouvelle historiographie artistique qui consacre la renommée des grands maîtres du début du siècle, le goût se répand de collectionner, à côté des œuvres de l’Antiquité, les œuvres d’art moderne – mais non celles de l’art contemporain. Une hiérarchie entre génies et épigones s’établit; et, pendant encore deux ou trois siècles, les collectionneurs, se distinguant des acheteurs, gardent les yeux tournés vers l’art du passé.Le personnage du «vertueux», tel qu’il se trouve, par exemple, illustré par Borghini, est typique du XVIe siècle: c’est l’homme qui cultive les différentes «vertus», qui collectionne aussi bien les naturalia que les artificialia et fonde des musées et des laboratoires englobant, dans une vision unique, l’art et la science. En ce temps-là, d’ailleurs, l’artiste affirme une compétence universelle; il fait effectivement profession de critique, d’historien, d’archéologue, et même d’intermédiaire et de marchand d’œuvres d’art.Dans les Flandres, au contraire, au cours du XVIe puis du XVIIe siècle, s’affirme un type de peintre indépendant qui ne travaille pas à la commande. La cour de la Bourse d’Anvers devient le siège des boutiques dites Schilders-Pand , et les corporations d’artistes organisent des expositions et des ventes aux enchères. Au XVIIe siècle, même des personnes de condition modeste possèdent chez elles des tableaux. Dans ce monde bourgeois, les mécènes sont peu nombreux.L’usage des expositions et des ventes aux enchères se répandit en Europe; à Venise, si l’on en croit Jules Mancini, le vieux Bassano fit vendre à bas prix ses tableaux à la Fiera della Scenza. On exposait à SaintMarc et à Saint-Roch, et on y tenait boutique. À Rome, aussi, on faisait des expositions en public. C’est en France, sous Louis XIV, qu’apparaissent les premiers salons. En Angleterre, les premières ventes aux enchères datent du XVIIe siècle.À l’époque de la Réforme et de la Contre-Réforme, il y a arrêt des commandes pour les églises dans tous les pays protestants, ce qui contribue à favoriser les collections de type bourgeois. Au contraire, en Italie et dans les pays catholiques, les ordres religieux, réformés ou nouvellement créés (jésuites, oratoriens, théatins) se manifestent comme d’importants commanditaires, tandis que l’Église cherche de son côté à exercer un contrôle plus sévère sur les peintres, et, principalement, sur le contenu iconographique des œuvres.4. Le mécénat des souverainsAu XVIIe siècle, l’art et la science se constituent en deux mondes distincts, ce qui ne manque pas de se refléter dans la structure des musées. Le musée scientifique devient un musée spécialisé: il suffit de citer, à ce sujet, le musée Settala de Milan, le musée d’Athanase Kircher à Rome, puis, de création plus tardive, les musées d’Elias Ashmole, du Dr. Mead et du Dr. Hans Sloane. Ce dernier formera, en 1753, le premier noyau du British Museum. Pour la France, on ne saurait oublier la collection de Buffon, qui sera à l’origine du Muséum d’histoire naturelle de Paris.Le musée d’art, réciproquement, se voit régi de façon croissante par des critères uniquement esthétiques. Quittant le domaine scientifique, il se définit dans sa sphère propre, autonome, non plus comme dessin ou technique, mais comme «poésie muette». Parallèlement, au «vertueux» du XVIe siècle et à l’«artiste critique» succède le personnage de l’amateur «dilettante» professant des convictions esthétiques précises. Scipion Borghèse, le cardinal Del Monte, Maffeo Barberini (le futur Urbain VIII), le marquis Giustiniani découvrent de jeunes génies et les soutiennent. Jules Mancini, le médecin d’Urbain VIII, aborde vers 1620 presque tous les problèmes ressortissant au domaine des collections. Les papes restent fidèles à la tradition et traitent l’art comme un moyen de rehausser le prestige de la capitale du monde catholique. Le jour même où il fut élu pape, Urbain VIII convoqua Bernin et lui dit: «C’est une grande chance pour vous, ô Cavalier, que de voir le cardinal Maffeo Barberini devenir pape; mais c’est une très grande chance pour nous que d’avoir le cavalier Bernin vivant sous notre pontificat.»Les grands monarques, Charles Ier d’Angleterre, Philippe IV d’Espagne, Louis XIV en France, rivalisent avec Rome. Le Roi-Soleil fonde en 1666 l’Académie de France à Rome et obtient d’Alexandre VII qu’il autorise Bernin à se rendre à Paris. Sous le gouvernement de Colbert, toute la production artistique est organisée dans une perspective politique, et la direction du goût est confiée à Charles Le Brun. Les manufactures royales sont créées. Ce fut la première dictature véritable dans le domaine de l’art, organisée en fonction des directives monarchiques.Tandis que les familles patriciennes s’essayent à égaler le mécénat des souverains, on voit apparaître les premiers grands catalogues imprimés; en même temps, à Rome comme ailleurs, se manifestent les premiers amateurs bourgeois, de Cassiano Del Pozzo à Giulio Mancini et à Giovanni Bellori; les marchands se font plus nombreux, les genres et les tableaux de chevalet se multiplient. Les peintres ne manquent pas qui, comme Nicolas Poussin et Salvator Rosa, préfèrent se passer des grosses commandes officielles et travailler pour les particuliers. Rosa n’hésite pas à critiquer ouvertement les mécènes et à revendiquer la liberté du génie artistique.5. Le déclin du grand mécénatLe XVIIIe siècle voit décliner le grand mécénat et s’affirmer l’influence des «curieux», qui suivent et provoquent la mode et privilégient un art de société, et des philosophes, érudits, spécialistes et connaisseurs. Le rococo fut à l’origine un art révolutionnaire qui répondait aux besoins d’une instance sociale nouvelle et à un goût étranger à celui de la cour officielle. Il représentait la victoire des modernes, alors que s’imposait toujours le mythe des grands maîtres antiques. Seuls les despotes éclairés de Pologne, de Prusse, de Saxe pratiquent un mécénat calqué sur le modèle de Rome et de Versailles. Amateurs et dilettantes aiment l’art moderne pour ses qualités esthétiques; et, pour la première fois, artistes, critiques et acquéreurs se trouvent sur un terrain commun. Il faut citer, à titre de repères, les noms de Pierre Crozat, de Pierre Mariette. En Angleterre, l’activité de l’amateur se développe également dans l’optique bourgeoise et devient partie intégrante de la personnalité du gentleman. Parmi les mécènes connus, on retiendra lord Burlington, qui travailla avec William Kent et Joshua Reynolds, et obtint du mécénat royal la fondation tardive de l’académie dont l’objectif était de susciter la formation d’une école anglaise de peinture.Académies, instituts et musées se voient appelés, dès lors, à un grand développement. Les musées de Florence, de Dresde, de Cassel deviennent musées nationaux et publics. La Révolution française reconnaît le principe de l’intérêt public des collections et, en 1793, le Louvre est institué musée de la République. Les œuvres d’art réclamées par Napoléon en paiement des dommages de guerre servent à constituer le musée central des Arts, dénommé ensuite musée Napoléon. Avec la Restauration, la fondation de musées publics, considérés comme des temples de la culture voués à l’éducation, est un phénomène qui se répand à travers tous les pays européens.Tandis que le goût des collections se voit, dès lors, conditionné par l’existence des musées, qui tendent à absorber les collections privées, le mécénat proprement dit devient désormais, du fait de la crise de la vieille aristocratie, une prérogative des gouvernements et des organismes publics – qui agissent généralement dans une perspective conservatrice. La société nouvelle issue de la révolution industrielle ne considère pas l’art comme une chose nécessaire. En même temps que se dessine la tendance à une production industrielle des objets d’art et que se fait jour la polémique sur les arts and crafts , la rupture entre artiste et mécène apparaît d’une extrême gravité; elle s’exprime parfaitement dans cette formule de Courbet: «Je méprise les mécènes.» Les artistes s’engagent dans les voies de l’évasion, de la bohème, de la polémique. Ils sont les refusés des expositions officielles. Et c’est seulement après 1870 qu’ils voient venir à eux un nouveau type de mécène, le marchand intelligent, qui comprend et soutient l’artiste et n’hésite pas, pour le lancer, à prendre ses risques; ainsi entre dans l’histoire du mécénat la génération des Paul Durand-Ruel et des Ambroise Vollard.Le moment vient enfin, après la Première Guerre mondiale, où le public commence à s’intéresser à l’art contemporain. Les grands collectionneurs, notamment les collectionneurs américains, qui ont constitué d’importantes collections d’art antique ou moderne, sont les nouveaux mécènes; ils font don, ultérieurement, de leur collection à l’État – ce qui entraîne la fondation de musées publics. Outre le patronage de l’État, l’art bénéficie de la protection des entreprises, qui n’ignorent pas le rôle important joué par les élaborations artistiques dans l’évolution du goût et, par conséquent, sur les tendances du marché.Dans certains pays est apparu ce que Francis Haskell a qualifié de «mécénat négatif»: c’est l’attitude d’un État qui se méfie de l’art, et qui non seulement veut en contrôler les contenus et les formes, mais cherche à empêcher la création d’œuvres qu’il n’approuve pas. C’est un antimécénat, dont l’action est plus nocive que le simple manque de moyens matériels; il témoigne de ce que l’art aujourd’hui, à la différence d’autres époques, ne peut s’épanouir qu’en démocratie.• 1864; de mécène♦ Qualité, fonction de mécène. Le mécénat des Médicis.♢ Par ext. Soutien matériel apporté par un mécène. Mécénat d'entreprise. ⇒ parrainage, patronage, sponsorisation.mécénatn. m. Soutien matériel apporté à une oeuvre ou à une personne pour l'exercice d'activités présentant un intérêt général.mécénat [mesena] n. m.❖♦ Qualité, fonction de mécène et exercice de cette fonction. || Le mécénat des Médicis. || De telles dépenses découragent le mécénat (→ Film, cit. 1).
Encyclopédie Universelle. 2012.